En fait, en manifestant un peu d’attention, nous nous apercevons que cet occasionnel recensement de nos carences peut s’observer dans n’importe quel ordre, ce qui, admettons-le, conforte
l’indésirable unité qui en résulte. Ainsi,
la superficialité nous entraîne à être dans
l’approximation (quand il s’agit de nous prêter à porter un jugement de valeurs), et elle entretient à son tour
le manque de suite dans les idées. Pour entériner ce concept «
d’ordre indifférent
», l’on pourra encore convenir que
l’approximation en question porte atteinte à
la suite dans les idées que nous évoquons et que cette dernière nous maintient - ni plus ni moins - dans la dommageable
superficialité dont fait état
JADÖ
PHER au terme de notre entretien :
[…] « nul ne saurait se soustraire très longtemps à la qualité des choses à vivre inhérente au spasmodique échange conduisant vos semblables de l’heure à « séquentialiser » ce que leur impose le Choisi du Temps . Ils se verront donc repris par leurs préoccupations coutumières, comme chaque génération le fut toujours, » […]
Alors, me direz-vous, tout est perdu d’avance ? Cela s’avère probable si l’on se cantonne à ce qui relève de la globalité, la chose - en le changement profond qu’elle réclame - appartenant à ce que les Visiteurs appellent le structuralisme universel , autrement dit : à Dame Création elle-même… Toutefois, nous ne saurions, de notre côté, omettre de prendre en considération ce qui s’est précisé plus haut, à savoir que toute remise en cause (que nous qualifierons, ici, d’efficiente) demeure une remise en cause individuelle et, qu’à ce titre, toute éventuelle progression s’avérera, à son tour, individuelle…
Les débats médiatiques et politiques (similaires à ceux dont nous sommes témoins aujourd’hui) véhiculeront-ils les mêmes « morosité », voire « anxiété », pour celles et ceux qui se seront engagés à vivre la remise en cause individuelle sommairement référencée ce jour ? Je laisse soin à chacun d’y répondre, en toute sérénité.
Pour le reste, JADÖPHER, en nous traduisant, à sa façon, la formule utilisée par KARZENSTEIN selon laquelle « le tout existant » ne figure en finalité que le produit d’une évacuation, nous aura permis d’établir indirectement un recoupement de circonstance avec l’un des vers du poème de Victor HUGO intitulé « L’ÂNE ».
L’animal, incarné sur ces entrefaites par le poète, converse avec le philosophe Emmanuel
KANT et le passage - duquel
le vers en question est tiré - porte pour sous-titre «
Coup d’œil général
». En voici quelques lignes :
[…] L’homme est visible, lui ! C’est lui le conquérant ;
C’est lui le créateur ! L’homme est beau, l’homme est grand ;
L’argile vit sitôt que sa main l’a pétrie ;
L’homme est puissant ; qui donc créa l’imprimerie,
Et l’aiguille aimantée, et la poudre à canon,
Et la locomotive ? Est-ce Jéhovah ? Non ;
C’est l’homme. Qui dressa les splendides culées
Du pont du Gard, au vol des nuages mêlées ?
Qui fit le Colisée, et qui le Parthénon ?
Qui construisit Paris et Rome ? Est-ce Dieu ? Non ;
C’est l’homme. Pas de cime où l’homme roi ne monte.
Il sculpte le rocher, sucre le fruit, et dompte,
Malgré ses désespoirs, sa haine et ses abois,
La bête aux bonds hideux, larve horrible des bois ;
Tout ce que l’homme touche, il l’anime ou le pare.
Bien, crache sur le mur, et maintenant compare.
Le grand ciel étoilé, c’est le crachat de Dieu. […]
Chacun sera à même d’englober la Création et Dieu dans « un seul et unique état ». Victor HUGO, quant à lui, avait-il eu vent de « ce principe » de rejet formulé par les V.E.T, lui dont nous savons qu’il communiqua souvent, durant son exil, avec « les voix de l’au-delà » ?
Ensuite, nous terminerons cette petite synthèse avec la chanson VŒU PIEUX à laquelle fit brièvement référence JADÖPHER. Cette chanson fait état des limites de la condition de l’Homme, elle exprime le souhait d’une prise de conscience dans le Futur. Une prise de conscience qui nous serait bien utile pour affronter, sous d’autres « identités », les perpétuels recommencements auxquels nous sommes destinés, au nom de cette chaîne alimentaire présidant à l’équilibre de tout ce qui existe.
VŒU PIEUX
Est-ce trop d’exigence
D’oser vouloir qu’enfin
« La prise de conscience »
Nous accoste en chemin,
Avant la déchéance
- Échéance du destin -
Qu’au fil de l’existence,
Nous conjurons en vain ?
Faut-il donc de tous temps,
- Sans autre alternative -,
Fustiger les penchants
Enclenchant nos dérives,
Puis toujours réserver
Aux pauvres heures dernières
L’heur de nous acquitter
Du prix du « grand Mystère » ?
Lorsqu’au bout du voyage,
Quoi que nous ayons fait,
Escales comme naufrages
Se voient légitimés,
Loin de toute morale,
De toute contrition,
Quand tout ce qu’est l’aval
S’en retourne à l’amont…
Concevoir qu’au passage
Entre deux « ici-bas »
S’effectue un brassage,
Un tri dans « l’au-delà »
S’en venant générer
Cette déperdition
De tout ce qui se sait
De notre condition,
Et ne plus repartir,
De rien ou de si peu,
Vers quelque devenir
Chaotique, cahoteux,
Sous un nouvel ego,
Une autre identité,
Pour renaître à l’écho
D’un chant désenchanté…
Si, poursuivant son pas,
La chaîne alimentaire
Perpétue notre état
De « pitance » sur Terre,
Que se vive la chose
En toute connaissance :
Connaissance de cause…
Et non de conséquence !..
Bonne lecture, bien cordialement : Jean-Claude PANTEL
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3 Messages
MERCI J-Claude pour ce judicieux commentaire qui rend cette nourriture « céleste » quelque peu plus digeste.. Et MERCI pour TOUT ce que tu nous donnes… « la justice exige un verdict, alors que la justesse se limite à un constat ». Avec pour corollaire possible, que le verdict enfante une sentence, elle-même nourrice de grands ressentiments.. quand le constat se contente d’épouser la « ressentance », mère de mille petits ressentis…
Et « voir » ou côtoyer le Vrai n’autorise en rien à le Vivre.. ce que l’on pourrait corroborer par cet autre dicton spécifiant qu’ « il est loin de la coupe aux lèvres… » Et qu’en est-il de la difficulté à se regarder dans ce miroir au soir de nos journées.. ? Non pas le miroir de l’auto-complaisance, mais celui qu’exige Être en conscience… Et que dire de l’effet délétère et avéré de tant d’éparpillements, qu’il en devient superficiel de prédire qu’immanquablement viendra le temps (revies..?) de se ramasser, de se recentrer, au rythme ou à l’image d’une pseudo pangée, comme il est dit. Être emprisonné dans une existence futile et inconstante, quant à la suite dans les idées, n’est qu’excès de diffusion en effusions superficielles, alors qu’il nous faudrait nous recueillir en soi, sans craindre trop de n’y trouver et profondeur et vacuité… Un certain CG Jung (déjà cité) parlait des « deux « péchés capitaux » de l’homme dit moderne » par « l’absence de dialogue avec mère et Dame Nature et par l’absence du dialogue intérieur », où se cache cette petite voix si utile, parfois, quand le MOI JE s’efface un peu… Oui, se complaire à s’égayer aux mille facéties de l’existence ne permet pas d’offrir quelque « complémentarité » au grand Chant de la Vie.. et encore moins de s’en prétendre les relais… Et les retards à l‘« allumage » ne sont manifestes que pour mieux nous rappeler que, médiocrité aidant, à l’échelle cosmique, seules les statistiques font loi sur les populations et non pas les individus, ce qu’a si bien su résumer ce cher Lebnitz : « Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes »…
Le « crachat de dieu » correspondrait aux … 5 % de l’ensemble des mondes, le « visible », soit une déjection « Divine » !..tout compris, hélium, hydrogène, etc,.. Mais la rose pousse-t-elle dans.. « l’eau de rose » parfumée et aseptisée d’un lieu transcendantal ou dans les excréments, le fumier ?.. Alors, où poussent les roses ? Ici-bas, aussi !…
A propos de Création/ évacuation, un poème assez osé et daté du 19 ème siècle :
L’ANUS PROFOND DE DIEU S’OUVRE SUR LE NÉANT — 1882 – Edmond Haraucourt
Philosophie sonnet honteux
L’anus profond de Dieu s’ouvre sur le néant Et, noir, s’épanouit sous la garde d’un ange. Assis au bord des cieux qui chantent sa louange, Dieu fait l’homme, excrément de son ventre géant.
Pleins d’espoir, nous roulons vers le sphincter béant Notre bol primitif de lumière et de fange ; Et, las de triturer l’indigeste mélange, Le Créateur pensif nous pousse en maugréant.
Un être naît : salut ! Et l’homme fend l’espace Dans la rapidité d’une chute qui passe : Corps déjà disparu sitôt qu’il apparaît.
C’est la Vie : on s’y jette, éperdu, puis on tombe ; Et l’Orgue intestinal souffle un adieu distrait Sur ce vase de nuit qu’on appelle la tombe.
Chanson de Coluche : Éloge du non-agir. =D https://www.youtube.com/watch?v=YGi…
Cette chanson raisonne dans ma tête. J’ai grandi avec et la chante à tue-tête.
…la médecine fait quelque progrès. Profitons-en ! ;)