L’ÉCLIPSE
Lorsqu’au crépuscule s’éleva sa voix,
Sur les rives bleues du Manitoba,
Qu’ils soient squaw, sachem ou simple guerrier,
Tous firent silence car nul n’ignorait
Qu’il ne disait rien qui soit étranger
À la Réalité…
Ne savait–il pas appeler la pluie
Quand se desséchait la grande prairie ?
Consultant l’oracle, « touchant » les esprits,
Il savait la Mort, connaissait la Vie :
Oui, aux yeux de tous, il représentait
Le Savoir tout entier…
Aussi, quand il annonça sur un ton solennel :
– Demain, non plus jamais ne s’allumera le ciel,
Dès lors, les ténèbres ont pris en leur néant
Celui qui est, depuis le début des temps,
Notre Dieu Soleil ! –
Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm…
Personne ne songea qu’il pût se tromper,
Le Sorcier, le Vieux Sage, l’Initié,
Qui se retira, sans rien ajouter,
Les laissant pantois, les laissant muets,
Sans espoir aucun de revoir chanter
La Lumière de l’Été…
Auprès du totem, autour d’un grand feu,
D’aucuns demeurèrent en scrutant les cieux,
Lesquels étendirent leur drap étoilé,
Enjoignant chacun de se retirer
Et prier les Dieux, dedans son wigwam,
Pour le salut de l’âme…
Déçus, heureux, mais surtout surpris,
Ils virent l’aurore effacer la nuit.
La tribu entière se rassembla
Mais le vieil Indien, lui, lui n’était pas là…
Alors, quand un à un, en sa hutte, ils furent entrés,
Chacune et chacun, face à la dure vérité,
Put voir le Vieux Sage qui restait endormi,
Hier l’avait su conserver en sa nuit…
Pour l’Éternité…
Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm…
Pour l’Éternité…
Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm…
Pour l’Éternité…
Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm… Hmm…